Projets

Mundo M

Surélever une usine abandonnée en béton armé avec une structure en ossature bois, et y loger des associations de l’économie sociale et solidaire. De l’usine Audax, fabricant de haut-parleurs, il reste l’ossature en béton et la moitié d’un plancher. Notre projet vient envelopper l’ancien bâtiment, en le dotant de deux niveaux supplémentaires en structure et façade bois, avec une isolation en textiles recyclés. Les 4 étages de bureaux associatifs sont connectés par un escalier extérieur qui mène à une terrasse / jardin collective sur le toit.

Les contraintes du projet de réaménagement d’immeuble

La ville a vendu le bâtiment à Etic, en détachant une parcelle limitée à l’emprise bâtie, de sorte que notre parcelle est construite à 100%. Faute d’espace extérieur, et ayant une seule façade ouverte, sur rue, il a fallu négocier avec notre voisin, l’OPHM, toutes sortes de servitudes pour rendre notre bâtiment habitable : servitude de vue, de passage, d’encorbellement, etc.

Ainsi, la friche végétale est devenue le poumon de l’ensemble, cour commune qui ne dit pas son nom, à laquelle le Mundo a donné tout le caractère végétal qu’il pouvait, pour se protéger de l’effet de serre bien sûr, mais aussi pour assurer un cadre propice aux contacts avec les voisins.

Le bâtiment était inoccupé depuis 1993 lorsque nous l’avons découvert. Squatté pendant des années, envahit de végétation, lieu de tristes histoires humaines, mais aussi de belles solidarités à l’échelle du quartier, il avait acquis le statut de lieu de mémoire et les habitants refusaient sa démolition.

Pour le conserver, il a fallu diagnostiquer les différents bétons qui le constituaient et élaborer une stratégie de confortement pertinente. Le sol a été injecté, certains planchers ont été remplacés, certaines poutres renforcées, tous les bétons réparés. Toutes les parties neuves sont en bois, les bétons ont été laissés visibles laissant au moins à l’intérieur la lisibilité du squelette conservé.

Les solutions de réaménagement d’immeuble par notre agence d’architecture

Partant du principe que le luxe n’est pas lié à la préciosité des matériaux, mais à leur vérité, leur authenticité ainsi que le chantier de construction, s’il veut être un véritable outil d’insertion, doit entraîner l’adhésion de ses participants. Le projet met en œuvre des matériaux simples, mais vrais, naturels, nobles, car sensibles (odorants, riche en matérialité, etc.) et les propose à leur état brut partout où cela est possible. Le luxe, c’est l’affranchissement de l’aseptisation du monde tertiaire traditionnel.

Le projet ne triche pas avec l’histoire du bâtiment d’origine tant construit par son passé industriel que par son histoire d’errance et de squat des dernières années. Le projet Mundo Montreuil est l’histoire d’une réincarnation du bâtiment après 50 ans d’usage industriel et 15 ans d’errance.

Ces traces resteront lisibles et constitueront l’âme du lieu : il s’agit par exemple de la première volée de l’escalier existant qui deviendra la chaire des prédicateurs de la bonne parole écologique, ou encore des bois de charpente qui seront recyclés pour constituer le mobilier des espaces communs.

Etic veut offrir des postes de travail 30% en dessous de marché à destination des acteurs du changement. Cela implique de trouver des économies à tous les stades de la fabrication du lieu. Un des axes de réflexion fort est la mise en partage du maximum de ressources, notamment les ressources spatiales. Les fonctions communes sont placées au rez-de-chaussée : restaurant, salles de réunion, coworking, bibliothèque ressource du CLER. Aux étages, les tisaneries servent aussi de salles de réunion, de salle de reprographie et de lieu d’échange et de synergie entre les structures.

Ainsi, YDAA a pu proposer 10 m2 moyen par poste de travail et 7m2 privatif, contre 12 m2 et 10 m2 dans les immeubles de bureaux traditionnels. Une telle réduction des surfaces, pour fonctionner convenablement, ne peut se passer d’animateurs qui mettent du liant et gèrent l’apprentissage de la vie commune. Le Mundo M se vit comme une grande colocation à 160, avec Etic à l’animation.

L’aspect extérieur du bâtiment a fait l’objet de nombreuses discussions avec le voisinage.

Cette concertation a été orchestrée par l’élu de quartier. L’aspect du bâtiment a été un gros sujet, car nous le voulions en bois, et la perception en était mauvaise. On a donc proposé un bardage déjà vieilli, afin de garantir son homogénéité dans le vieillissement.

La hauteur a été l’autre gros sujet, pour ne pas porter trop ombre aux immeubles d’en face. D’où cette toiture fuyante, qui cache la terrasse, haut lieu de vie commune de l’immeuble.

Yves Dubalen Architecte DPLG